L’insomnie est une bien curieuse compagne
Qui s’invite sans prévenir pour une heure ou deux
Et vous jette seul et nu, comme en rase campagne
Dans le paysage sombre et marécageux
Du doute. C’en est alors fini de votre nuit :
Les yeux grands ouverts, vous gisez, impuissant.
Du monde alentour, vous percevez tous les bruits,
Tous les sens en alerte, Dieu que c’est embêtant.
Vous pensez : c’est provisoire, ça ne va pas durer,
Si je bois un peu d’eau, je vais me rendormir.
Rien n’y fait. Vous avez beau vous retourner
En tous sens, le sommeil tarde à revenir.
Au petit jour, vous vous assoupissez enfin
Épuisé par tant d’angoisses et de noirceur.
Vous rêvez, paisible, d’amis et de bon vin
Quand le perfide réveil vous sort de cette torpeur.
L’autre, à vos côtés, a dormi comme un bébé.
Il ouvre un regard neuf sur ce jour qui commence
Et vous demande, naïf, si vous êtes reposé.
Vous lui dites, las, que vous n’avez pas cette chance.
L’insomnie, cette exigeante maîtresse
Qu’on ne convoque pas mais qui s’impose à vous,
Vous prend dans ses filets, insatiable ogresse,
Et vous quitte au matin, vous laissant à genoux.
Très joliment écrit et tellement vrai ! 😀