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  • Photo du rédacteurCarolineSulzer

Un coup de coeur

En ce moment, je n’écris pas. Certains lecteurs de ce blog ont la gentillesse de s’en émouvoir (Ben alors, Caroline, tu ne postes plus ? Ça nous manque de ne pas recevoir tes petites fictions, il va falloir t’y remettre !), mais c’est comme ça, je n’écris pas. En effet, depuis la sortie en juin de cette année de mon recueil de nouvelles, je me consacre surtout à ma promotion. Lorsque j’ai signé un contrat avec un éditeur en avril, j’ai eu la faiblesse et la naïveté de penser que c’est lui qui s’en occuperait. Je ne connaissais pas encore l’univers impitoyable du livre et de l’édition et j’ai vite compris que personne ne lèverait le petit doigt pour moi. En effet, on ne dépense pas un kopek pour les nouveaux auteurs qui doivent déjà s’estimer bienheureux d’être publiés. À eux de se débrouiller pour se faire connaître et vendre leur bouquin et, en fonction de leur chiffre, on finira peut-être par s’intéresser à eux.

Donc, je n’écris pas, car je ne sais pas être à la fois dans la promotion et dans la création. Lorsque je me vends, si je puis dire, je dois être agressive, battante, pugnace, ne pas hésiter à prendre mon téléphone, contacter les gens qui peuvent m’être utiles. Je dois « activer mon réseau », faire signe à de vieilles connaissances par pur intérêt si je pense qu’elles peuvent m’ouvrir des portes. Je dois prendre mon bâton de pèlerin et faire le tour des libraires, leur offrir mon livre et, s’ils aiment, obtenir des séances de signatures, dont je ferai la publicité moi-même en organisant des interviews avec la presse locale. Enfin, je dois être hyper présente sur la toile, poster, commenter l’actualité littéraire, me mettre en avant sur Facebook, Linkedin et Insta et ça, je sais, je ne le fais pas assez, mais j’ai toujours peur d’en faire trop.

Lorsque je suis en phase de production et non plus de promotion, c’est tout le contraire. Loin des flonflons de la fête, je descends au plus profond de moi-même pour écrire, pour « fendre l’armure » à coups de hache. Et lors de cette introspection créatrice, je dois être sincère, authentique, désintéressée, modeste et sans pitié. Sinon, ça ne fonctionne pas. Je ne dois pas me laisser troubler par les choses de l’extérieur, toute mon attention est dirigée sur le texte en cours, je me réveille la nuit pour changer un adjectif ou ajouter une virgule. Écrire, c’est être finalement très seul, même si on très bien entouré dans la vie, même si on écrit dans le brouhaha des cafés, dans les trains ou dans les salles d’attente.

En ce moment, je n’écris pas, mais je lis beaucoup, car je sais bien que la lecture, c’est le terreau de l’écriture à venir. Alors, à défaut de proposer mes propres créations littéraires, je voudrais vous présenter mon coup de cœur du jour, Lettres d’amour sans le dire, d’Amanda Sthers. Dès les premières lignes, ce matin, alors que le jour n’était pas encore levé, j’ai reçu un choc esthétique, qui s’est ensuite confirmé au fur et à mesure que je dévorais l’ouvrage plus que je ne le lisais. J’utilise la métaphore culinaire à dessein : ce petit livre de 90 pages se déguste comme on déguste un aliment à la fois rare et dense, qu’on réserve aux jours de fête, comme une truffe faite du meilleur cacao ou un vin d’un cru exceptionnel. Tout y est, le style impeccable, la personnalité attachante de la narratrice, beaucoup d’humour, une extrême sensibilité, l’attachement aux détails les plus infimes mais aussi les plus importants. Je me suis dit que j’étais sacrément chanceuse d’avoir savouré ce bonbon au miel, un dimanche, dans mon salon, à six heures du matin, et que je ne pouvais pas ne pas le partager.

Alors, régalez-vous, et à une prochaine fois, lorsque j’aurai recommencé à écrire ou pour un autre conseil de lecture !




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